CMM – Souper du personnel 2011

Souper traditionnel du personnel

Comme chaque année, c’est une occasion de réunir le personnel du Centre Mutien-Marie.

Le discours de M. Gengoux, directeur général, a débuté en relevant les grands événements qui ont marqué l’année 2011 (extrait ci-dessous):

  • mise en place du plan de formation
  • obtention d’une convention nominative supplémentaire
  • reconnaissance de la place de court séjour

Des projets importants ont été menés à bien:

  • fin des travaux à Florennes avec accueil de deux personnes ou famille avec personnes handicapées
  • transformation de la Chevalerie

Certains n’ont pas pu être concrétisés:

  • construction des petites maisons sur le terrain de Rosée

Et d’autres sont en cours:

  • acceptation du dossier de la Roseraie
  • mise en place des chantiers au Tournevent et au Gaty
  • nouvelles chambres individuelles et adaptées

Que de lenteur et de difficultés rencontrées… Deux petites histoires illustrent fort bien ces propos.

Le déluge

Nous voici donc en 2011 après Jésus-Christ, voici que Dieu visite Noé et lui dit:

– « Une fois encore, la terre est devenue invivable et surpeuplée. Construis une arche et rassemble un couple de chaque être vivant ainsi que quelques bons humains. Dans six mois, j’envoie la pluie durant quarante jours et quarante nuits, et je détruis tout! »

Six mois plus tard, Dieu retourne visiter Noé et ne voit qu’une ébauche de construction navale.

– « Mais, Noé, tu n’as pratiquement rien fait! Demain, il commence à pleuvoir! »

– « Pardonne-moi, Tout Puissant, j’ai fait tout mon possible mais les temps ont changé.
J’ai essayé de bâtir l’arche mais il faut un permis de construire et l’inspecteur me fait des ennuis au sujet du système d’alarme anti-incendie.
Mes voisins ont créé une association parce que la construction de l’échafaudage dans ma cour viole le règlement de copropriété et obstrue leur vue.
J’ai dû recourir à un conciliateur pour arriver à un accord.
L’Urbanisme m’a obligé à réaliser une étude de faisabilité et à déposer un mémoire sur les coûts des travaux nécessaires pour transporter l’arche jusqu’à la mer.
Pas moyen de leur faire comprendre que la mer allait venir jusqu’à nous. Ils ont refusé de me croire.
La coupe du bois de construction navale s’est heurtée aux multiples Associations pour La Protection de l’Environnement sous le triple motif que je contribuais à la déforestation, que mon autorisation donnée par les Eaux et Forêts n’avait pas de valeur aux yeux du Ministère de l’environnement, et que cela détruisait l’habitat de plusieurs espèces animales. J’ai pourtant expliqué qu’il s’agissait, au contraire, de préserver ces espèces, rien n’y a fait.
J’avais à peine commencé à rassembler les couples d’animaux que la SPA et WWF me sont tombés sur le dos pour acte de cruauté envers les animaux parce que je les soustrayais contre leur gré à leur milieu naturel et que je les enfermais dans des pièces trop exiguës.
Ensuite, l’agence gouvernementale pour le Développement Durable a exigé une étude de l’impact sur l’environnement de ce fameux déluge.
Dans le même temps, je me débattais avec le Ministère du Travail qui me reprochait de violer la législation en utilisant des travailleurs bénévoles. Je les avais embauchés car les Syndicats m’avaient interdit d’employer mes propres fils, disant que je ne devais employer que des travailleurs hautement qualifiés et, dans tous les cas, syndiqués.
Enfin le Fisc a saisi tous mes avoirs, prétextant que je me préparais à fuir illégalement le pays tandis que les Douanes menaçaient de m’assigner devant les tribunaux pour « tentative de franchissement de frontière en possession d’espèces protégées ou reconnues comme dangereuses ».
Aussi, pardonne-moi, Tout Puissant, mais j’ai manqué de persévérance et j’ai abandonné ce projet. »

Aussitôt les nuages se sont dissipés, un arc-en-ciel est apparu et le Soleil a lui.

– « Mais Tu renonces à détruire le monde? » demanda Noé.

– « Inutile » répondit Dieu, « l’administration dans lequel vous vivez s’en charge! »

Une deuxième histoire plus positive…

L’âne au fond du puits

Un jour, l’âne d’un fermier est tombé dans un puits.
L’animal gémissait pitoyablement pendant des heures et le fermier se demandait quoi faire. Finalement, il a décidé que l’animal était vieux et le puits devait disparaître de toute façon, ce n’était pas rentable pour lui de récupérer l’âne.
Il a invité tous ses voisins à venir et à l’aider.
Ils ont tous saisi une pelle et ont commencé à enterrer l’âne dans le puits.
Au début, l’âne a réalisé ce qui se produisait et se mit à crier terriblement.
Puis à la stupéfaction de chacun, il s’est tu.
Quelques pelletées plus tard, le fermier a finalement regardé dans le fond du puits et a été étonné de ce qu’il a vu.
Avec chaque pelletée de terre qui tombait sur lui, l’âne faisait quelque chose de stupéfiant. Il se secouait pour enlever la terre de son dos et montait dessus.
Pendant que les voisins du fermier continuaient à pelleter sur l’animal, il se secouait et montait dessus.
Bientôt, chacun a été stupéfié que l’âne soit hors du puits et se mit à trotter!

La vie essaye de nous engloutir de toutes sortes de difficultés et de freins. Le truc pour se sortir du trou est de se secouer pour avancer. Chacun des ennuis est une pierre qui permet de progresser. Nous pouvons sortir des puits les plus profonds en n’arrêtant jamais.
Il ne faut jamais abandonner! Secoue-toi et fonce!

L’ASBL a aujourd’hui les moyens de réaliser ces efforts coûteux et parfois difficiles à accepter au quotidien. Mais c’est le fruit du travail et de l’investissement de chacun et ce, pendant de longues années. Ce serait dangereux de penser que l’Institution est devenue une sorte d’état providence duquel il faut retirer un maximum d’avantages et de confort en essayant de donner le moins possible. Etre travailleur au Centre Mutien-Marie est certes un privilège mais surtout une exigence de qualité. C’est grâce à cette qualité pédagogique acquise depuis des années et que nous devons perpétuer, que nous pouvons aujourd’hui, avec la confiance de l’AWIPH et des familles, réaliser nos projets et affiner notre outil notamment en termes d’infrastructure. Pour ce formidable outil qu’est devenu le Centre Mutien-Marie, je tiens à vous remercier car vous en êtes évidemment les artisans.

Il y a vingt ans l’ASBL était en effervescence. Un mois plus tard se créait le Gaty, dernier des SAJA de l’ASBL. Pour sa réalisation, nous avions envoyé nos explorateurs et démineurs expérimentés, nous en parlerons un peu plus tard. Mais nous avions déjà engagé deux jeunes travailleurs plein d’enthousiasme. La première Sophie Herlinvaux est malheureusement décédée aujourd’hui. L’autre « petit jeune » du Gaty qui allait devenir un de ses piliers était Olivier Steenberghs. Il a connu les tout débuts du Gaty. Il se souvient encore certainement de la section avant les travaux, quand il y avait quatre ou six résidents, leur troupeau de chèvre et les tournées de fromage.

Olivier a marqué le Gaty par son humour, sa compétence et sa générosité. Je me souviens lors d’un accident mémorable avec la camionnette, il a montré toute l’ampleur de sa personnalité. En attendant l’ambulance, alors qu’il souffrait de plusieurs fractures du crâne, dans un état semi comateux, il a pris les résidents dont il avait la responsabilité dans ses bras afin de les protéger de sa large carrure. Et c’est ainsi que les ambulanciers les ont trouvés. Qu’ils sont beaux les fruits de l’olivier. Heureusement pour lui et malheureusement pour nous sa compétence aussi bien technique que pédagogique a été remarquée par une école et depuis plusieurs années, il est détaché du centre pour cette nouvelle fonction, bien que toujours inscrit dans le personnel. Son esprit joyeux et généreux rayonne toujours lors de nos fêtes institutionnelles.
Mais nous parlions plus haut de l’équipe de démineurs et de sentinelles sur laquelle le Centre Mutien-Marie a toujours pu compter et qui était évidemment à la création du Gaty mais aussi de tous les SAJA de l’ASBL.

Increvable routard et pisteur, Jean-Claude Grégoire est de ceux-là. Il a été assistant social dans toutes les sections de jour de l’ASBL et est donc avec d’autres la véritable mémoire de l’Association. Il amasse une impressionnante collection de photos mais est encore plus riche en souvenirs ou d’anecdotes savoureuses. Aujourd’hui, il apporte son savoir faire et son savoir être au Pouly. Il rappelle souvent quelques notions de bon sens basées sur son expérience et sa connaissance des familles. Quand on entend du « Queen » en boucle on sait que « social » n’est pas très loin. Il est une Institution dans l’Institution et, aujourd’hui, je suis heureux de fêter ses trente ans à nos cotés.

Enfin une Institution, c’est vivant: il y a les jeunes travailleurs que l’on essaye d’accueillir le mieux possible, il y a ceux qui fêtent leur 20 ans, leur 30 ans et ceux qui s’en vont après une carrière au service des autres.

Aujourd’hui, nous remercions particulièrement Christian Paquet qui va bientôt profiter d’une prépension bien méritée. Christian a assuré la tâche difficile de transition entre l’Institut Saint-Dominique dont il était directeur et la section de la Chevalerie. Bientôt, il se retirera en laissant une section dans des locaux adaptés après une longue année de difficultés, de patience et d’attente. Christian laissera aussi le souvenir d’un homme chaleureux et dévoué, emprunt de hautes valeurs pédagogiques et éthiques. Toujours conciliant, il a essayé inlassablement de trouver des solutions les plus douces aux différents problèmes qui se sont présentés lors de son travail. Il est très apprécié des résidents qui manifestent déjà une grande tristesse de le voir partir. Pour moi, c’est un fidèle lieutenant qui quitte le navire. J’avais entièrement confiance en lui et je sais que je pouvais toujours compter sur sa gentillesse et sa disponibilité. Je voudrais au nom de l’ASBL et à mon nom propre lui adresser un tout tout grand merci pour tout ce qu’il apporté aussi bien en termes professionnels qu’en termes humains et lui souhaiter tous mes vœux de bonheur dans sa nouvelle vie.

Je vous souhaite un excellent appétit!

M. Gengoux
Directeur général