Agrandissement du réfectoire, aménagement d’une cuisine super équipée répondant aux normes AFSCA, création d’un bureau spacieux, terrasse… ça se fête!
Ce 29 avril 2016, personnel de l’asbl, résidents, voisinage, services extérieurs, politiques, président de l’asbl ont répondu nombreux à l’invitation du Gaty. A peu de chose près, il manquait d’espace… 🙂
C’est donc devant un public varié que M. Mutien-Marie Gilmard, président de l’asbl Centre Mutien-Marie, a pris la parole:
« Cette maison a connu bien des changements! Je l’ai connue à l’époque où son occupant, un ami, en avait hérité lors d’un partage familial. Il y était venu, quittant sa cure à Ciney, suite à des problèmes physiques et des questionnements sur son engagement de vie. Fils de la terre, notre ami Jules, l’abbé Warzée, y tenait quelques chèvres et faisait du fromage. C’est donc tout naturellement qu’il construisit une chèvrerie et transforma quelques pièces en fromagerie. Mais le changement le plus profond n’était pas dans le visible. Comme évoqué lors de l’inauguration à la Roseraie, il faut voir avec le cœur. Et justement, au cœur de ces transformations, Jules retrouvait un supplément d’âme, un supplément de sens à son existence et un désir de le partager. Pas étonnant, dès lors qu’il ait accueilli Renaud, un voisin, souffrant de faiblesses mentales et intellectuelles. Il le mit à l’œuvre dans la chèvrerie, de la fabrication à la vente, et je me rappelle qu’à la livraison il stimulait ses neurones en lui demandant de faire les calculs de la somme due par le «client». J’ai pu moi-même profiter de son hospitalité quelques jours dans une période de mal-être. Ainsi donc cette maison est, de longue date, un tremplin pour dépasser ses handicaps.
Jules s’était aussi engagé, avec des amis, dans la création d’ »Espaces » qui a fêté ses trente ans la semaine dernière et qui était, au départ une maison d’accueil de jeunes désœuvrés, fragilisés par la vie et la société. Le moyen retenu pour remettre le pied à l’étrier fut de leur proposer une activité en lien avec la nature. Il y eut le travail du bois et la production du fromage de chèvre. Michel Gengoux, un des initiateurs du projet également, lui-même chevrier apiculteur, pilotait ces activités de «reconstruction de personnes handicapées de la vie» par le travail dans la nature. Devenu directeur de l’ASBL Centre Mutien-Marie, il fit le projet, avec son comparse Jules, administrateur de l’ASBL devenu curé à Ciergnon, d’ouvrir une maison pour le Centre, et d’y développer notamment, pour les résidents, une chèvrerie… Chèvrerie? Le nom de Gaty lui fut ainsi trouvé.
L’ASBL acheta la maison et y développa des activités en lien avec la nature. Il fallut se rendre à l’évidence, la chèvrerie n’était guère adaptée: beaucoup de travaux devaient se faire en dehors des heures de présence des résidents et les éducateurs n’avaient pas pour emploi, l’élevage des chèvres. Ce devait n’être qu’un moyen de se réaliser pour les résidents. Les activités au Gaty resteraient donc centrées sur la nature, plus sur les chèvres: ce serait la tonte des gazons, la remise en état de fontaine, le nettoyage de sentiers de randonnée comme sur le site de Marie Mouchon à Happe et toujours un petit commerce de produits naturels.
Le nombre de résidents augmentant, on se trouva à l’étroit. Il fallut construire une grande annexe avec des locaux adaptés aux activités de la maison. Les normes AFSCA et le vieillissement des locaux ont amené un autre investissement d’envergure: la transformation et la création de l’espace de restauration: cuisine et restaurant. Ce que nous inaugurons aujourd’hui. La saine gestion de l’ASBL – et je me plais à en féliciter Michel et son équipe -, les réflexions des travailleurs sur le terrain – et je veux souligner leur implication autour de Damien dans la «mise en projet» de cette maison -, le savoir-faire d’un architecte ont permis de dépasser les contraintes d’un site peu commode à aménager et d’un voisinage inquiet du développement, pour édifier cet agréable espace de vie et de restauration pour la santé et le bien-être des usagers. Soulignons aussi les nombreux apports et dons qui permettent à nos résidents de vivre dans des conditions sans cesse améliorées en fonction aussi de leur âge grandissant. Des privés, des clubs, des institutions publiques nous soutiennent: de personnes anonymes à l’armée par l’Unité de Transport de Bruxelles casernée à Peutie, du bourgmestre – qui nous offre le fruit de son repas – au Kiwanis, les dons de ces derniers, remis aux responsables il y a quinze jours, permettront l’aménagement de la terrasse.
Dans ce contexte, alors que beaucoup d’indicateurs annoncent un recul des moyens matériels, au nom du Conseil d’Administration, je tiens à féliciter et remercier les acteurs de ce dynamisme et vous parents et résidents qui par votre confiance et votre collaboration nous tracez les pistes à suivre pour nous développer au profit des habitants de cette maison.
J’ai été un peu long, notamment sur les origines. C’est que toute la vie est déjà dans l’œuf: des personnes, des lieux, une terre, une âme. C’est bien le terreau du Gaty depuis ses débuts. Parions donc pour un avenir en évolution dynamique chargée de sens. »
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Rebondissant sur l’idée, Monsieur Gengoux, directeur du Centre Mutien-Marie asbl, a ensuite enchainé:
« Notre président nous a dit: «La vie était dans l’œuf…» Je ne peux m’empêcher de penser à cet adage: « Pour obtenir des poussins, il ne faut pas écraser les œufs mais bien les couver avec patience et amour ». C’est de cette couvaison dont je vais vous parler.
En 1986, le Centre Mutien-Marie de Philippeville commençait sa reconversion vers la pédagogie pour adulte. Il créa la Roseraie qui allait devenir le premier des Centres de jour de l’ASBL. Par la suite, naîtront le Tournevent à ANTHEE en 87, le Pouly à JAMAGNE en 90 et le Gaty à PESSOUX en 1992. Un service de nuit, la Chevalerie à ROSEE et un service ambulatoire, le Ponceau à Florennes allaient compléter l’outil pédagogique de l’ASBL.
C’est donc en 92 que notre Gaty éclot au sein du Centre Mutien-Marie. Il était agréé pour 15 places. Nous avons commencé, modestement, par l’accueil de sept ou huit résidents. Parmi ceux-ci, Corinne et Denis, toujours là, bon pied bon œil. Nous louions l’ancien bâtiment occupé par l’abbé Warzée et nous avions repris son petit élevage de chèvres. Jean-Claude Grégoire, assistant social de l’époque, avait fait une étude des besoins en la matière dans la région et nous savions que rapidement les places allaient se remplir. Effectivement, le succès fut foudroyant et les demandes allaient affluer en flots continus jusqu’à aujourd’hui. Sous la responsabilité de Dominique Bérings, Sylvie Mathys et aujourd’hui Damien Borlon, le service d’accueil n’a cessé de grandir.
En 1994, le ministre Taminiaux nous permettait d’accueillir une seizième personne. À l’époque, vu l’exiguïté des locaux, nous avons introduit une demande d’achat et transformation du Gaty. Projet accepté, par l’AWIPH et nous avons pu acquérir et agrandir nos locaux. Mais, la demande pressante d’admission allait progressivement augmenter.
En 1998, à la suite de la reprise et transformation des places de «l’Aurore» à Lustin, nous allions passer à 18 accueils; en 2003, nous reprenions Saint-Dominique à Florennes et transformions encore deux places pour le Gaty, enfin en 2004, nous accueillions une première subsidiation nominative et en 2006, après les accords sur la reprise de la section AFSATA de Saint Lambert à Bonneville, notre capacité d’accueil agréée passait à 23 places. Plus tard, deux autres résidents nous été envoyés en urgence. Le personnel nécessaire a bien entendu été engagé.
Dans le cadre de l’autonomie et de l’intégration, nous encourageons les fréquentations à temps partiel, ce qui multiplie le nombre de personnes physiques.
C’est vous dire s’il y a de plus en plus de personnes qui fréquentaient notre centre. Se posait alors un problème de place au sein de notre salle à manger qui devenait vraiment trop petite. Cet inconfort engendrait non-seulement des problèmes de bruit mais aussi de proximité. Nous avons refusé des entrées très urgentes pour des raisons de place.
Un très long processus allait se mettre en place: presque 10 ans entre le rêve et la réalisation.
En 2007, nous avons demandé à notre architecte, Michel DIVE, de penser à aménager un espace plus grand pour notre salle à manger. Les problèmes financiers de l’AWIPH étaient déjà récurrents et nous n’avons eu l’accord de principe qu’en juin 2009. Un long travail administratif allait commencer: affiner les plans, obtenir le permis d’urbanisme, l’avis des pompiers, de l’AFSCA, … De multiples remaniements et améliorations et l’évolution du coût de la vie ont plus que doublé l’estimation initiale. Finalement, le marché public fut attribué en décembre 2013 à la Firme Picard Construct. Nous recevions le feu vert définitif de l’AWIPH en janvier 2014. Les travaux pouvaient en fin commencer.
Un proverbe persan dit: « La patience est un arbre dont la racine est amère mais dont les fruits sont très doux ». Aujourd’hui, ces fruits se retrouvent au menu de nos résidents. »
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Et le responsable du service, M. Damien Borlon, a clôturé avec ces quelques mots:
« Monsieur le Bourgmestre, Monsieur le Président du CPAS, Messieurs les Échevins, M et M les Conseillers Communaux, M et M les Conseillers du CPAS, Monsieur le Président de CA, Monsieur le Directeur Général, Mesdames et Messieurs en vos titres et fonctions,
Bonsoir à toutes et tous et bienvenue dans nos nouveaux locaux.
Comme l’a dit M. Gengoux, revenons à 2014, année où les travaux pouvaient effectivement commencer. Super! Bonne nouvelle… mais transformer la cuisine et construire un nouveau réfectoire n’était pas une mince affaire! Car comment allions-nous faire pour manger durant les 6 mois de travaux?! Et oui, le chef de chantier (sic) estimait ceux-ci à environ 6 mois… on y a cru, un bref instant 😉
Alors, nous avons réfléchi à plusieurs alternatives jusqu’au jour où Anne-Marie (notre « cuistot »), stressée à l’idée de nous faire des « bicky burger » frites au Micro-ondes, nous proposa d’aller diner dans ses anciennes installations à Barcène. Hop-là! Une frite hors de pied..
Dans le courant du mois de mars 2014, les premiers coups de pelles sont donnés au grand plaisir des yeux émerveillés de quelques résidents qui passaient parfois des journées entières dans la zone de sécurité à admirer ces ouvriers qui, par tous les temps, donnaient naissance à ce bâtiment dans lequel vous vous trouvez. Ceci dit en passant, j’avoue que ces ouvriers ont aussi attiré le regard de quelques éducatrices 😉
Mais, revenons quelques instants à Barcène car pour nous tous c’était une aventure. Tous les matins, Anne-Marie partait avec le groupe cuisine préparer les repas. Et nous embarquions à midi avec le reste du groupe dans les camionnettes direction Ciney. Quelle aventure!
Il n’était pas rare d’entendre:
– « Mince (pour ne pas dire autre chose) il en manque un, recomptons dans les camionnettes!… Il était où?… Beh aux toilettes! »
– « Ha oui, nous sommes de trop aujourd’hui… Et bien, ce n’est pas grave la petite camionnette fera deux aller-retour! »
– « Oui mais je suis de vaisselle moi, il faut donc que je prenne ma voiture ! »
Voici quelques exemples vécus presque tous les jours mais toujours dans la bonne humeur!
Toutes ces expériences n’ont pas occulté les relations qui se sont tissées entre certains ouvriers et nos résidents. Il n’était pas rare de les voir tirer la causette ensemble. Ah, c’est peut-être pour cette raison que le chantier a duré plus longtemps, (autant pour moi Cédric 😉
Bref, après 12 mois de travail, le résultat est là, une cuisine et des bureaux dignes de ce nom, un réfectoire spacieux, aéré, un peu bruyant mais qui d’ici quelques semaines avec son plafond anti-bruit apportera un réel confort à tous. C’était bien cela l’objectif recherché et atteint: la qualité de vie et d’accueil de nos résidents!
Cet espace de vie nous donne un réel confort. Il permet à nos résidents de pouvoir manger en étant moins confinés, il va aussi nous permettre d’éviter des tensions et des conflits connus dans l’ancien réfectoire trop exigu. Il amène beaucoup de lumière dans nos assiettes et dans nos cœurs. Nous espérons aussi pouvoir profiter de la terrasse et de son aménagement gracieusement offert par le Kiwanis et le don du souper du bourgmestre.
Ces nouvelles infrastructures ont également permis aux travailleurs et, en particulier, à certaines, de me pousser véritablement hors de mon bureau (que j’occupais depuis 15 ans) dans l’ancien bâtiment et de prendre possession d’un nouveau à l’étage de ce bâtiment. Mais M. le Président et M. Gengoux, ce changement de bureau a entraîné la perte d’un local d’artisanat… De plus, notre population d’accueil ne cesse de croitre due aux nouvelles normes de l’AViQ, il se pourrait donc que vous trouviez un jour sur vos bureaux, un projet de nouveaux locaux… affaire à suivre…
Avant de vous inviter à boire le drink et de vous convier à visiter ces nouvelles infrastructures, je tiens à remercier le C.A., notre D.G., le Collège communal, l’architecte, la société Picard et ses sous-traitants, M. Furnémont, les travailleurs du Gaty, l’armée par l’Unité de Transport de Bruxelles casernée à Peutie, les voisins qui nous ont permis de «squatter» leur parking, les familles pour la confiance qu’elles nous accordent et tous ceux, qui de près ou de loin, ont contribué à la réussite de l’embellissement de nos infrastructures.
Je vous souhaite une bonne visite et un bon verre à partager tous ensemble! »
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Il fut inutile de répéter le message pour que chacun apprécie ce verre de l’amitié accompagné de quelques délicieux zakouski en toute convivialité.
Soirée mémorable pour le Gaty
Ch. S.
Le 14/06/2016