La Chevalerie – Inauguration bâtiment 2013

La Nouvelle Chevalerie

Vendredi 19 avril 2013, l’équipe et les résidents se sont coupés « en quatre » pour l’inauguration de leur bâtiment: l’accueil fut à la hauteur de ce magnifique projet de rénovation et d’agrandissement.

Les travaux entrepris depuis 2011 sont enfin du passé… et s’il est vrai que cette période fut relativement longue et assez éprouvante, ils permettent d’offrir une sécurité adpatée aux nouvelles normes, un confort accru et un espace plus grand permettant à chacun une part d’intimité.

Plus de 150 personnes ont participé à l’événement: familles, amis, membres du personnel, responsables des SAJA, membres du Conseil d’administration de l’asbl, politiques. Ces marques d’attention, ces liens, cette confiance procurent une grande fierté et sont les garants de l’existence même et de la qualité des services offerts par notre asbl.

C’est donc devant un large public que M. Gengoux, directeur général de l’asbl et M. Rondeux, responsable du service ont présenté leur discours (repris dans leur intégralité ci-dessous).

Discours de M. Gengoux

En 1978, le Centre MUTIEN-MARIE voit le jour. Il se composait d’un Institut Médico Pédagogique et d’une Ecole secondaire Spéciale pour enfants handicapés à Philippeville.

En 1982, suite à de nouvelles lois, l’A.S.B.L. se sépara de l’école pour connaître une vie autonome. Assez rapidement les responsables se rendirent compte que certains enfants avaient tellement de difficultés qu’ils ne pouvaient suivre régulièrement les cours même d’un enseignement spécialisé… Il fut décidé de créer le Centre Occupationnel pour enfants non-scolarisés. Cette année-là, une section s’ouvrait donc à Nismes. Après quelques années, la section se rapprocha de Philippeville, pour venir s’installer dans la petite fermette de Jamagne où elle prit le nom de «Le Pouly» («poulailler» en wallon).

En 1986, voyant que sa population vieillissait et que rien n’était organisé dans la région pour les personnes handicapées adultes, le Centre MUTIEN-MARIE crée un 1er centre de jour à Yves-Gomezée «La Roseraie» en vue d’accueillir une quinzaine de résidents. Vu le succès, un autre fut créé en 1987 dans le village d’Anthée: «Le Tournevent» pouvait accueillir 18 personnes. Enfin, étant donné l’énorme demande, le Pouly fut lui aussi transformé en Service de jour pour adultes au 1er janvier 1989. Continuant sur sa lancée, le Centre MUTIEN-MARIE crée enfin en janvier 1992: «Le Gaty» une quatrième structure de jour dans la région de Ciney. Il terminait ainsi sa reconversion.

Un service d’accueil de jour est une richesse importante dans la mesure où les personnes les plus démunies qui nous sont confiées gardent le contact avec leur famille et, une collaboration entre institutions permet d’atteindre des résultats très encourageants. Néanmoins, les familles vieillissent en même temps que leurs enfants. Et très régulièrement, nous avons des demandes de parents inquiets et responsables: ils seront bientôt trop âgés que pour pouvoir encore s’occuper de leurs enfants… En effet, leur inquiétude est très réaliste. Quand les parents ne peuvent plus assurer l’accueil de leur enfant en soirée et le week-end, un réel problème se pose: où va-t-il aller? Parfois un membre de la famille accepte de les accueillir mais souvent les possibilités d’accueil sont limitées. Nous avons déjà dû nous séparer de personnes que nous avions accompagnées depuis des années, que nous avions appris à aimer, à aider, qui avaient bien évolué chez nous et qui y étaient heureuses. Mais voilà, nous n’avions pas de structure d’hébergement propre, tous les centres existants sont saturés et la Région wallonne coincée dans ses impératifs budgétaires ne crée plus aucun lit depuis des années. Dans des drames humains, difficilement supportables, nous avons réorienté ces personnes vers d’autres solutions inappropriées: hôpitaux psychiatriques, home du troisième âge… En les arrachant aux derniers repères qu’elles avaient, après le décès de leur famille qu’elles n’avaient jamais quittée. Très conscient de ce problème lancinant, le CENTRE MUTIEN-MARIE avait l’intention de créer son propre service résidentiel de nuit.

En 2000, une occasion unique, providentielle, s’est présentée à nous. Un hôtel de luxe avec 10 chambres équipées de douche, évier, toilettes, 20 places de nuit, placé idéalement au centre de nos quatre maisons était à vendre. Nous qui voulons toujours le meilleur pour les personnes que nous accueillons, nous ne pouvions rêver mieux. Mais que de travail en perspective: le bâtiment avait été abandonné depuis 94. Il avait été squatté, on avait volé les radiateurs et la chaudière; les boîtiers électriques avaient été arrachés; les portes étaient cassées et de nombreux carreaux avaient volé en éclats, les sols et les murs étaient barbouillés d’immondices. Des tuiles s’étaient envolées du toit et la pluie pénétrait dans le bâtiment depuis 6 ans, défonçant les plafonds, pourrissant les plinthes. Toutes les tuyauteries avaient éclaté avec le gel…

Il ne nous restait qu’à relever les manches, à travailler pour transformer cette triste masure en magnifique hôtel qu’il était encore il y a une dizaine d’années auparavant. Un an de labeur où chaque section est venue travailler tour à tour parfois dans le doute mais toujours dans l’espoir. Mais le résultat était là, illustrant ce qu’écrivait SHAKESPEARE: «J’ai été au milieu des épines et là j’ai cueilli la rose.».

En 2001 nous étions heureux d’inaugurer ce magnifique et indispensable service « La Chevalerie » et, en quelques mois, toutes les places furent occupées.

En 2003, suite à notre fusion avec St Dominique de Florennes, nous pouvions ouvrir 365 jours par an, week-ends et vacances comprises. Nous avons aussi développé des activités de journée pour une pédagogie plus individualisée. Une place de court séjour, grâce à laquelle nous pouvons accueillir des personnes 3 mois maximum par an, fut également ouverte, afin de dépanner ou soulager certaines familles à titre temporaire. Cette place a été reconnue par l’AWIPH en 2011.

Enfin depuis fin 2012, nous avons mis en place le projet «Le Verger» qui est un lieu dans Rosée où trois personnes sont en situation d’apprentissage à l’autonomie. Dans le cadre de la désinstitutionalisation, nous tentons de permettre à un maximum de résidents qui en ont la possibilité de vivre en autonomie dans de petites communautés ou en appartement individuel. Notre Service de Logements Supervisés (SLS) «Le Ponceau» pourra les accompagner dans leur aventure citoyenne.

Mais, comme nous le soulignons plus haut: 20 places pour 10 chambres impliquait mathématiquement plusieurs lits par chambre. En plus, la demande devenait de plus en plus pressante (plus de 20 personnes en liste d’attente). Les «Chevaliers» restaient de plus en plus souvent au sein du service résidentiel et, à terme ce bâtiment devient leur véritable maison.

Nous devions donc agrandir notre hôtel (tout le grenier était pratiquement inexploité) mais aussi transformer « l’existant » en chambres individuelles. Le chantier était de taille mais les défis sont le quotidien de l’ASBL. Avec l’aide de l’AWIPH, nous avons entrepris ces travaux importants. Ils devaient durer 6 mois au départ. Les transformations ont été parsemées d’embuches et de mauvaises surprises: problèmes de stabilité, révision des normes pompiers… finalement ceux-ci ont duré plus d’un an, dans un inconfort certain pour nos adultes et leurs accompagnants. Que leur patience et leur compréhension soient remerciées ici.

Néanmoins, aujourd’hui, la conclusion est là:

capacité d’accueil de 30 personnes en chambres individuelles ou de deux (couples, amis) sur trois étages reliés par un ascenseur;
cuisine professionnelle correspondant aux normes les plus pointues de l’AFSCA;
sérieux renforcement de la stabilité du bâtiment;
plus grande sécurité incendie;
télédistribution dans toutes les chambres;
grand parking et beaux aménagements extérieurs.

Les places sont prioritairement occupées par les résidents de nos services d’accueil de jour mais nous sommes tout à fait ouverts à des personnes venant d’autres horizons, les seules conditions sont qu’elles soient inscrites à l’AWIPH et qu’elles aient une occupation de journée: nous pouvons ainsi accueillir des personnes fréquentant d’autres services de jour, des ateliers protégés, des centres de formations…
Cet outil de la Chevalerie ainsi adapté, nous permet d’apporter une réponse partielle à un nouveau défi qui se pose à l’ensemble des services de l’AWIPH et particulièrement aux nôtres: le vieillissement de notre population… Une institution doit toujours s’adapter à son environnement, aux besoins et aux demandes qui lui sont adressés.

Aujourd’hui, le Centre Mutien-Marie assure près de 150 accueils de jour, de nuit ou ambulatoire. Il s’est construit, au cours des ans, dans la cohérence, des outils qu’il veut performants, adaptés et complé- mentaires.
Chaque personne en situation de handicap doit être au centre de son projet. L’institution doit l’aider à trouver sa juste place, entre protection et intégration. Cette pédagogie fondamentale doit être sous-tendue par la dynamique de l’inclu- sion sociale la plus citoyenne possible. Cela est et restera le credo de notre ASBL.

Discours de M. Rondeux

Les inaugurations sont des moments aussi symboliques que fugitifs, mais chacune porte en elle l’aboutissement de l’espérance d’un projet voulu et imaginé, ce qui rend ces instants solennels et parfois émouvants.

C’est encore plus vrai lorsqu’il s’agit, comme c’est le cas ici, d’un équipement qui touche à la vie, au mieux-être, à l’épanouissement et, à l’avenir de ceux que le destin a rendu plus fragiles et qui sont bien obligés de gérer dans leur quotidien les mots « autonomie » et « intégration ».

C’est un moment plus intense aussi parce que les portes de cette grande maison s’ouvrent (de nouveau) vers une vie plus apaisante qui, non seulement apporte espoir et garantie d’une qualité de vie aussi bonne que possible mais, également atténue la lourde et combien compréhensible inquiétude des familles et des proches. Le handicap est, pour chacun d’entre nous, pour l’ensemble des familles concernées et des acteurs présents aujourd’hui, une préoccupation quotidienne.

Ceux qui en souffrent doivent, à tous les âges, avoir – au-delà des difficultés – accès à une véritable qualité de vie. Cette qualité implique une prise en compte de leur confort physique et psychologique et, surtout une attention aux besoins spécifiques de chacun.

Il faut tendre à ce que tous puissent, justement et sereinement, trouver le meilleur chemin de vie possible pour que leurs difficultés soient amoindries autant que possible. C’est bien là toute l’ambition portée par La Chevalerie.

Notre idéal est la reconnaissance de la personne handicapée mentale dans ses droits et ses différences ainsi que l’amélioration de sa qualité de vie.

Notre principale stratégie est de créer une ambiance conviviale, au sein de laquelle chacun trouve sa place, son rôle, ses habitudes. La dignité de la personne et le respect des règles sociales font l’objet d’une attention particulière. Chacun doit se sentir accepté et bien dans sa peau en tant qu’adulte autonome et responsable. Pour atteindre notre objectif, il est indispensable de travailler en équipe et en collaboration avec les familles et les services d’accueil de jour.

A la Chevalerie, on vient y dormir, certes, mais pas seulement… des sorties extérieures telles que promenades, excursions, visites culturelles, cinéma, festivités sont proposées en soirée, durant les W-E et les vacances.

Ces moments de détente permettent aux personnes accueillies de «récupérer» après les activités organisées par les Services d’Accueil de jour. Des loisirs comme la natation, la marche, la ferme, la pêche, le bowling… sont également organisés, sans oublier notre participation annuelle au festival rock d’Evergem. Bref, La Chevalerie est un lieu de vie où chacun peut trouver le nécessaire équilibre pour poursuivre son parcours de vie, accompagné comme il faut dans les actes du quotidien.

Je voudrais remercier et féliciter l’ensemble des partenaires qui ont initié, porté, imaginé et surtout voulu ce projet. A l’heure actuelle, rien n’est facile et il faut beaucoup de volonté et de détermination pour arriver à construire un projet tel que celui-ci.

Nul doute que les personnes accueillies trouvent ici la sécurité d’un environnement adapté à leurs besoins, le réconfort, les soins et les aides nécessaires pour vivre au quotidien en toute confiance, en toute quiétude, sérénité, épaulées par un personnel qualifié et, sans qui ce mieux-être n’existerait pas. C’est bien grâce au dévouement, à l’attention, aux compétences et à l’affection de ce personnel dévoué que pourra perdurer ici l’atmosphère chaleureuse et familiale indispensable à l’épanouissement et au « mieux-vivre ». Permettez-moi de vous présenter l’équipe de la Chevalerie: Catherine, Christelle, Gaëlle, Cindy, Chantal, Françoise, Dominique, Philippe, Olivier et Laurent, sans oublier Marie-Claire, notre responsable pédagogique et le bureau (Patrice, Lucia et Chantal). Un merci aussi aux ouvriers qui nous ont donné un fameux coup de main pour la préparation de cette inauguration (Jean-Marie et Sébastien).

Je vous remercie pour votre attention. Fini les grands discours, place maintenant à la convivialité qui caractérise notre service et, à la visite du bâtiment. N’hésitez pas à interpeller l’équipe, ils se feront un plaisir de répondre à vos questions sur notre fonctionnement. Les résidents présents ce soir auront également à cœur de vous montrer leurs nouvelles chambres.

Mais avant cela, je vous propose le verre de l’amitié. Passez un agréable début de soirée en notre compagnie et, une fois encore, merci de votre présence.

Merci à l’équipe

Reportage: MATélé