CMM – Histoire de J. Molitor 2014

Hommage de Frère Georges Poncelet

Frère Joseph Molitor – Frère Mémoire

Né à Bertrix le 15 décembre 1927, fils de Lucien Molitor et de Amélie Ninane

Lucien Molitor travaillait aux chemins de fer, lors d’une rafle en 1944, il fut arrêté par la Gestapo et déporté au camp de concentration de Neuengamme près de Hambourg dont il ne revint jamais. Ce fut pour la famille une grande épreuve. La maman courageusement éleva seule ses quatre enfants et,
généreusement, en donna deux au Seigneur.Jules entra dans la Compagnie de Jésus et Joseph chez les Frères des Ecoles Chrétiennes.

Joseph entre au Petit-Noviciat de Ciney le 12 octobre 1940 puis passa à Jésus-Placet à Louvain pour les deux premières années de l’école normale, il fit alors son Noviciat à Grand Bigard (1944/45) où il prit l’habit des Frères et le nom de Frère Mémoire. Fin 45, il fit ses premiers vœux et retourna à Louvain pour terminer son école normale à la fin de laquelle, il est diplômé instituteur en 1947. Prêt pour un bon apostolat, le Frère Joseph s’abandonne entre les mains de Dieu.

Première obédience : Bastogne pour y faire la petite classe. Ensuite, La Roche pour 3 ans pour puis une classe composite (1°,2° et 3°) après une parenthèse religieuse: le second Noviciat de Bordighera. Joseph achèvera l’année scolaire par un intérim à Namur Saint-Aubain ; une année de pédagogie à l’DCL et, en 1957, retour à Bastogne comme chef d’école et titulaire de la 6° primaire. Il y fonda une très bonne chorale qui remporta même l’Ange d’or au concours des chorales à Télé Luxembourg.

En 1963 Le Frère Joseph dû quitter Bastogne pour cause de maladie. Il se rendit à Namur à la Procure pour se reposer et rendre de menus services. Ce n’est qu’un intermède car, à la demante du Frère Jean Schenk, directeur, il alla se dévouer à l’école secondaire et professionnelle d’Erquelinnes. Allant beaucoup mieux il fut chargé de l’internat de 10 année.

En 1969, à la demande de son frère Jules, Père Jésuite missionnaire, et l’accord des supérieurs, il partira au Congo pour animer les écoles de sa mission, les Frères étant reconnus bons pédagogues. Il parcourra la brousse pour dispenser aux enseignants conseils et encouragements, retour après trois ans, les écoles étant nationalisées. Il reprendra du service à Erquelinnes à la demande du Frère Directeur pour quelques bonnes années.

En 1981 le Frère Visiteur lui demande de reprendre l’institut médico-pédagogique de Philippeville dont la situation s’était dégradée. Ce sera sa première expérience avec le monde des handicapés, expérience nouvelle, vocation nouvelle. Malgré tous les efforts l’école s’enfonçait de plus en plus. Alors, il eut une idée novatrice: ouvrir un centre pour handicapés adultes, l’idée fut acceptée et on ouvrit la maison de Yves-Gomezée puis l’année suivante le centre de Anthée (Le Tournevent).Ce sera le point de départ d’une œuvre qui compte actuellement plusieurs maisons: le Centre Mutien-Marie.

En 1988, il demande sa pension et s’installe définitivement à Olloy sur Viroin, qui était la maison de campagne pour la communauté d’Erquelinnes avec le Frère Jean Schenk comme compagnon et Directeur. Plus tard, d’autres Frères les rejoindront pour former une communauté dont il devint le Directeur. Retraite bien remplie : animateur de la chorale, joueur de bombardon dans plusieurs sociétés, président «d’Espoir et Fraternité », centre de vacances et de classes de plein air, président du « Centre Européen Louis Lobbe, organiste dans plusieurs paroisses, vraiment une vie de retraite … ; sans compter qu’aux grandes fêtes, il se plaisait à recevoir pour un dîner festif et fraternel des confrères et le clergé des environs.

Je vous ai parlé beaucoup de ses activités, mais j’aurais voulu vous parler de l’homme: regardez sa photo, regardez ses yeux … l’image de la bonté. Frère Joseph était un religieux exemplaire, un confrère des plus agréables, qui se donnait sans compter. Il aimait sa vocation, il aimait ses Frères, il aimait tout le monde, il aimait la vie, la beauté et évitait toute dispute, tout malentendu, toute mésentente, on dirait qu’il les sentait venir et prenait les dispositions pour les éviter.

Et, pourtant, c’est dans cet amour de la vie, de la joie de vivre qu’il allait être frappé. Le mal fut un cancer des poumons auquel il résista de toutes ses forces: non, ce n’est pas possible de finir ainsi! Le oui à Dieu, qui lui demandait le sacrifice de sa vie, ne fut pas facile à dire. Entouré de ses confrères, du personnel de l’infirmerie, de sa famille, de ses nombreux amis, à petits pas, il retrouva une certaine sérénité dans l’épreuve, ce sera un long chemin de croix; avec des hauts et des bas, de petites joies comme la voiturette électrique qui lui permit de sortir presque jusqu’à la fin, les visites qu’il attendait, les bons soins et la communion chaque jour que lui apportait un confrère, des peines comme les souffrances et les mauvaises nouvelles à propos de sa santé … Il accepta le tout avec patience et sérénité.

Dieu le rappela à lui le 3 janvier 2014 à 6h30 du matin. Il ne gardait le lit que depuis trois jours.

Nous avons perdu un Frère qui fut toute sa vie un fidèle disciple de Jean Baptiste de La Salle, un homme généreux, droit et fidèle. On peut lui attribuer ces paroles de saint Paul: «Je suis sur la croix avec le Christ et ce n’est plus moi qui vis mais le Christ qui vit en moi» et celles de Jésus «parce que tu as été fidèle dans de petites choses ta récompense sera grande dans le ciel ». Adieu! Frère Joseph veille sur nous.

Frère Georges Poncelet
Directeur