CMM – Souper du personnel 2018

Soirée spéciale cette année

À plus d’un titre…

En effet, plusieurs événements se sont enchevêtres tout au long de la soirée. Tout d’abord, les anniversaires de carrière au Centre Mutien-Marie, vingt ans pour Lucia, trente ans pour M. Gengoux et le record de longévité est détenu par Marc avec quarante années. Félicitations à eux.

Ensuite, chaque service a lu un discours ou bien proposé un jeu à l’attention de M. Gengoux , qui prendra bientôt sa retraite. Des hommages différents s’en sont suivis (danses, gâteau maison …).

Pour clôturer, un gâteau spécial « les 40 ans du Centre Mutien-Marie » brilla de mille feux.

Mais commençons par le début avec le discours de M. Gengoux

« Bonsoir à tous, merci d’être là.

Quel succès ! Plus de cent-dix convives. La formule semble plaire de plus en plus… Ou bien est-ce les 40 ans de l’ASBL qui attirent ainsi autant … enfin, peu importe, l’important c’est que nous soyons ensemble, en dehors des heures de travail, pour nous retrouver et faire la fête.

D’habitude, je fais un tour d’horizon de l’année passée et des objectifs à court terme. Aujourd’hui, comme c’est sans doute la dernière fois que j’ai l’occasion de vous parler de façon un peu protocolaire après trente ans de bons et loyaux services, je vais plutôt faire une synthèse de l’évolution du Centre Mutien-Marie depuis mon arrivée et rappeler les grands défis de l’avenir… Rassurez-vous cela ne sera pas plus long que d’habitude et je ne ferais pas un discours de six jours comme l’avait fait l’Atatürk pour réformer la république turque.
Pour les travailleurs les moins anciens, il est parfois utile de faire œuvre de mémoire et bien comprendre la cohérence et l’évolution du projet éducatif du Centre.

Quand je suis arrivé en 1988, la situation de l’ASBL était catastrophique. Elle était virtuellement en faillite. J’ai été engagé le 1er mars, le 5 mars le Conseil d’Administration se réunissait pour décider de la dissolution de l’ASBL. Nous n’avions pas d’actif, que des dettes et en plus les subsides étaient suspendus pour payer les trop-perçus au Ministère de la Santé Publique. Les premiers mois, nous avons survécu grâce à la perfusion mensuelle des Frères des Écoles Chrétiennes.
Au début, nous avons dû fonctionner avec un service minimum : pas de chauffeur, pas de secrétaire, pas de psy, personnel « ultra light » dans les sections… Mais petit à petit, nous avons remonté la pente grâce à la totale confiance du personnel qui avait bien compris les enjeux de survie, à la bonne volonté de nos créanciers et à la complicité des inspecteurs.
En 1989-90, nous sortions tout doucement la tête de l’eau après une longue apnée qui a failli nous étouffer… Nous pouvions continuer notre reconversion. Progressivement, nous nous sommes spécialisés dans la pédagogie pour adultes qui semblait répondre vraiment à des besoins régionaux.
D’abord, le Pouly qui était une section pour enfants non scolarisés s’est transformée en centre occupationnel de jour pour adultes handicapés.
Il nous restait quinze chaises pour enfants que nous avons finalement transformé en un centre d’accueil à Pessoux en 1992 : le Gaty
À cette date, nous avons définitivement tourné le dos à la pédagogie pour mineurs : la Roseraie créée en 1986 accueillait 15 adultes, le Tournevent en 1987, 17 résidents, le Pouly 13 et le Gaty 15. Mais nous occupions des bâtiments proches de l’insalubrité. Le nombre de personnes encadrées nous obligeait à une gestion des plus restrictives. Il fallait nous agrandir et améliorer nos infrastructures.
Nous avons pu reprendre une première institution en faillite : l’Aurore à Lustin, un home pour travailleurs et redistribuer les places dans nos centres. Ainsi, toutes les sections arrivaient à un taux de subsidiation de +/- 20 personnes et pouvaient vivre un peu plus à l’aise.
La création d’une ASBL de gestion de patrimoine, les Maisons de l’Espoir, nous permit d’améliorer sensiblement l’infrastructure et quitter ou améliorer les bâtiments mal adaptés que nous louions.
En janvier 2001, pour répondre à la demande pressante des parents vieillissants, nous avons ouvert à Rosée un service d’accueil de nuit : La Chevalerie. C’est sans doute l’aventure la plus folle que le Centre Mutien-Marie a entreprise. Parfois, aujourd’hui, je me demande comment nous avons eu le courage ou l’inconscience d’entreprendre ce projet. Sans subside, sans réserve de trésorerie, sans personnel…Je suppose que Mutien-Marie veillait sur nous !
Et fin 1992, nous avons enfin pu faire reconnaître notre Chevalerie et en assurer la pérennité. Et Dieu sait si aujourd’hui ce service est utile, il fonctionne 24h/24 avec une liste d’attente de plus de 35 personnes.
Certains résidents aspiraient à davantage d’autonomie, nous avons créé un service de logements supervisés pour adultes en 2005 : Le Ponceau.
Depuis lors, nos différentes infrastructures se sont largement améliorées.
En trente ans, on est passé d’une petite institution en faillite qui accueillait soixante usagers mineurs, à un outil moderne et performant qui encadre plus de cent-trente personnes adultes avec un personnel qui a triplé en nombre et s’est nettement amélioré en qualité. Outil adapté qui est entièrement orienté vers la citoyenneté, la désinstitutionnalisation et l’inclusion sociale. Il ne nous manque plus qu’un Service d’Accompagnement pour permettre de désengorger le Ponceau et la Chevalerie et fluidifier notre action.
Les grands défis de l’avenir seront évidemment de compléter cet outil mais aussi de répondre à la problématique lancinante du vieillissement de nos résidents et de leur famille et tout cela dans un monde de plus en plus mouvant et complexe.

Maintenant, une petite pause pour remercier toute les personnes qui ont contribué à sauver et à magnifier cet outil, à titre bénévole, et qui malheureusement nous ont quitté. Leur nom ne sera peut-être plus jamais prononcé dans cette association. La plupart sont d’ailleurs déjà inconnus de la majorité d’entre vous :
Les Chanoines Nicolas Duwez et Ephrem Pirson, monsieur le curé Jules Warzée, Les frères Felix Dubois, Robert Frings, Pierre Eul, Joseph Molitor, Albert Debast et Camille Borsu, Messieurs Jean Loos, André Barbier, Jules Hendrickx, René Sapart et Maurice Pignolet.
Je veux aussi remercier le Conseil d’Administration actuel, qui continue à œuvrer bénévolement pour le bien de l’association.
Mais tout cela ne serait pas possible sans un acteur important : vous. L’institution ne serait rien sans vous et je voudrais tout spécialement aujourd’hui vous remercier pour tout le dévouement, la patience et le professionnalisme que vous mettez à réaliser au mieux votre travail.
J’ai envie de vous dire : soyez vous-même, apportez votre richesse au projet institutionnel, vous en valez la peine ! N’essayez pas d’entrer dans un moule formaté, de ressembler à ce que vous pensez qu’on attend de vous. Mettez votre originalité, votre singularité au service du projet pédagogique.
Le guru indien OSHO disait : « Vous ne pouvez être que ce que vous êtes. Détendez-vous ! L’existence a besoin de vous tel que vous êtes. »
Il ne sert à rien de vouloir être quelqu’un d’autre.

Je vais vous raconter une petite histoire : « La petite souris de Brahma.

Au pays des animaux qui, dit-on en Inde, sont souvent des hommes réincarnés pour apurer leur karma, une souris vint se plaindre à Brahma, le Dieu des dieux : « j’ai peur des chats… transforme –moi, je t ’en prie, en chat » ! « Et Brahma la transforma en chat. Mais alors, elle eut peur du tigre. Le tigre, sous cette incarnation avait peur du chasseur. Brahma le transforma en chasseur. Mais le chasseur, mal dans sa peau, aurait aimé être une femme. Brahma le transforma en femme. Laquelle eut alors peur d’une souris. Et Brahma en souriant dit à la petite souris : « Tu vois, sois une vraie souris, et alors tu apprendras à vivre sans peur…  » (Paraboles de bonheur- Jean Vernette)
Mais je vous remercie aussi à titre personnel pour ces trente ans passés auprès de vous, avec vous. Pour ces centaines d’heures où nous avons pu construire ce beau projet ensemble, ou j’ai pu vous découvrir, vous rencontrer, vous écouter, partager vos joies et vos peines. Ces heures de rires, de bonne humeur, de philosophie, de confiance que nous avons échangées. Pour paraphraser Barbara, je peux dire que ma plus belle histoire de rencontre c’est vous… Mais fallait-il paraphraser ?… Simplement merci.

Maintenant, nous allons fêter nos jubilaires.

Lucia,

Si je m’en vais tranquillement vers la retraite, c’est parce que je sais que des personnes comme toi sont là pour assurer la transition. Bien sûr ta fraîcheur matinale et ton sourire vont me manquer mais je sais que ma remplaçante pourra compter sur toi pour continuer à gérer le nombre impressionnant de dossiers que tu traites et que surtout ce sera bien fait.
Depuis ton entrée au Centre Mutien-Marie, tu as acquis une telle maîtrise des dossiers souvent complexes, que tu es devenue un pilier administratif indispensable de l’association.
Mais je veux souligner ta présence régulière et bienveillante, ton éternelle bonne humeur, même si parfois le caractère est un peu impulsif, ne le nions pas. Nous avons vieilli vingt ans ensemble d’abord à Philippeville dans les locaux du notaire en 1998 où tu es entrée un peu par hasard pour réaliser un travail de la Commission Subrégionale de Coordination, puis dans les bureaux surchauffés ou glaciaux d’Anthée et enfin à Florennes et je dois dire que cela a toujours été agréable de te savoir près de moi pour me seconder. Bien sûr ta coquetterie n’y est pas pour rien, mais tu mets une ambiance chaleureuse, presque familiale au sein de l’équipe administrative. Je tiens aussi à te remercier pour ta grande disponibilité et ta loyauté à toute épreuve et je peux te dire qu’aujourd’hui j’ai une totale confiance en toi. Merci d’avoir été à mes côtés toutes ces années.

Marc,

Quarante ans, le dinosaure, l’ancêtre, c’est incroyable… Le seul de l’institution à avoir survécu à tout et à tous. Le seul dans le club des 40 ans et toujours si jeune ! D’abord assistant social, puis chef éducateur et enfin éducateur, Marc, tu es vraiment un travailleur de la première heure. Tu as été un pionnier dans les changements qui ont marqué la transformation de notre Centre MUTIEN-MARIE. Quand le Conseil d’Administration de l’ASBL a décidé d’ouvrir un premier Centre de jour, c’est naturellement vers toi qu’il s’est dirigé. En 1986, naissait la ROSERAIE, toute la pédagogie pour adulte était à développer. C’est un univers tout à fait nouveau qu’il fallait explorer, tu t’es engagé dans cette terre inconnue avec succès, montrant la voie au reste de l’association.
Tu es aussi la mémoire de l’institution, une véritable bibliothèque où il est agréable de découvrir ou de relire des passages chaleureux de notre histoire commune.
Potier, chantre, animateur pastoral lors de nos fêtes de Mutien, apprécié de tous, tu imprègnes de bonne humeur ton entourage en semant des graines de joie autour de toi.
De la Roseraie, tu es certainement une des plus belles fleurs.
Quelle longévité !!! Fêtera-t-on les cinquante ans ? Qui sait avec les nouvelles lois sur la pension !? »

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